À Madagascar, la question de l’énergie est au cœur des préoccupations sociopolitiques. Le pays, riche en ressources naturelles, se heurte à une réalité déconcertante : plus de 70 % de sa production énergétique repose encore sur des sources thermiques, notamment le fioul et le diesel. Cette dépendance mise à mal l’environnement et la souveraineté économique de l’île. Alors que les générations précédentes ont hérité d’une infrastructure vieillissante, les décisions prises aujourd’hui détermineront le futur énergétique de Madagascar et, par conséquent, son développement socio-économique. Presque 33 % de la population accède à l’électricité, mais cette ressource semble être promise à un avenir incertain, où les coupures fréquentes ponctuent le quotidien des Malgaches. Dans cette dynamique, l’entreprise nationale JIRAMA apparaît comme un acteur à la croisée des chemins, entre redressement et faillite de son modèle. Ce dossier explore les rouages de cette situation complexe, en examinant les enjeux majeurs de l’énergie à Madagascar.
Les défis de la transition énergétique à Madagascar
La nécessité d’une transition énergétique à Madagascar ne fait plus débat. Avec des ressources naturelles abondantes, telles que le soleil, l’eau et le vent, le pays a le potentiel d’orienter son modèle énergétique vers des solutions plus durables et renouvelables. Pourtant, à l’horizon 2025, les défis restent immenses, tant d’un point de vue infrastructurel qu’institutionnel.

Infrastructure vieillissante et déséquilibres structurels
Actuellement, la majorité des infrastructures énergétiques à Madagascar sont obsolètes. En 2023, le réseau électrique national présentait plus de 30 % de pertes techniques et commerciales, une situation alarmante qui souligne le besoin urgent de modernisation des infrastructures. Parmi les préoccupations majeures se trouve le fait que près de 70 % de l’électricité produite provient de sources non renouvelables. Cette dépendance résulte en partie d’un cadre institutionnel défaillant, où les décisions sont souvent influencées par des intérêts privés au détriment de l’intérêt général.
La JIRAMA, entreprise publique en charge de la production et de la distribution d’électricité, est actuellement sous pression. La restructuration de cette entreprise s’avère nécessaire, mais les tentatives passées n’ont pas réussi à inverser la tendance. La dette cumulée de la JIRAMA qui dépasse 2 700 milliards MGA témoigne de la gravité de la situation. Dans ce contexte, un plan de redressement est en cours de préparation, visant à réduire les déficits et à établir un équilibre financier d’ici 2028.
- Analyse des pertes techniques : plus de 30 % au sein du réseau national.
- Endettement colossal de JIRAMA, dépassant les 2 700 milliards MGA.
- Consommation énergétique marquée par des coupures fréquentes.
Les failles de la gouvernance énergétique
Un autre défi majeur réside dans la gouvernance qui entoure le secteur énergétique. Les documents comme « Comprendre la situation énergétique de Madagascar » soulignent les problèmes de transparence et de conflits d’intérêts qui entachent le développement des infrastructures. Alors que l’État a de plus en plus recours à des investissements privés, la nécessité d’une régulation pertinente se fait pressante.
Le modèle actuel, qui repose sur des accords de take-or-pay, oblige l’État à acheter de l’électricité à des producteurs privés, même si celle-ci reste invendue. Ce mécanisme renforce la dépendance déjà existante du pays à l’égard des fournisseurs d’énergie, rendant la situation financière encore plus critique.
| Indicateur | Valeur | Source |
|---|---|---|
| Taux d’accès à l’électricité | 33 % national – 6 % zone rurale | Dossier Énergie |
| Part de la production publique (JIRAMA) | <30 % du total | Dossier Énergie |
| Dépenses de l’État en subventions (2024) | 1 000 milliards MGA | Dossier Énergie |
La situation est exacerbée par le fait que de nombreux acteurs privés, notamment de multinationales, jouent également un rôle clé dans l’approvisionnement énergétique de Madagascar. Cela soulève des questions quant à l’indépendance et à la résistance des politiques énergétiques face à des créanciers externes et à l’influence des entreprises.
Inclusion des énergies renouvelables : vers un avenir viable ?
La transition vers des énergies renouvelables est un impératif pour Madagascar, mais son intégration dans un système déjà affaibli représente un défi considérable. En 2024, moins de 5 % de l’électricité produite proviendra de sources solaires, un chiffre qui doit augmenter considérablement pour garantir un approvisionnement durable et abordable.

Politiques incitatives et réformes nécessaires
Face à cette situation, plusieurs choix stratégiques doivent être envisagés. La première étape consiste à réformer les politiques d’incitation économique. En créant un cadre favorable au développement des énergies renouvelables, le pays pourrait capitaliser sur son potentiel en matière d’énergie solaire et éolienne.
Des initiatives comme le Pacte énergétique M300, qui vise à atteindre 85 % de production d’énergies renouvelables d’ici 2030, sont essentielles. Ce plan prévoit également l’extension de l’accès à l’électricité à 100 000 nouvelles connexions par an, ce qui pourrait considérablement améliorer la qualité de vie de la population rurale.
- Accélérer l’adoption de systèmes solaires décentralisés.
- Intégrer les énergies renouvelables dans le mix énergétique.
- Faciliter le financement de projets écologiques.
Avantages des énergies durables pour la souveraineté économique
L’intégration des énergies renouvelables pourrait non seulement réduire la dépendance à l’égard des combustibles fossiles mais également renforcer la souveraineté économique de Madagascar. En prenant le contrôle de sa production énergétique, le pays pourrait :
| Avantage | Description |
|---|---|
| Réduction des coûts | Une production d’énergie locale à partir des ressources renouvelables peut diminuer la dépendance aux importations. |
| Création d’emplois | Le développement des infrastructures renouvelables nécessitera de nouveaux emplois dans la construction et l’entretien des installations. |
| Impact environnemental réduit | Des technologies plus propres pour la production d’énergie permettent de réduire l’effet néfaste sur l’environnement. |
En adoptant des sources d’énergie renouvelables, Madagascar peut envisager un modèle économique futur plus résilient et durable, avec moins de vulnérabilité face aux fluctuations des prix des combustibles fossiles.
La dimension sociale des enjeux énergétiques à Madagascar
L’accès à l’électricité ne se limite pas à un besoin économique. C’est aussi une question de justice sociale. Alors que seulement 6 % des ménages ruraux disposent d’électricité, la majorité de la population vit dans une précarité énergétique alarmante. Les coupures incessantes renforcent les inégalités et exacerbent les tensions sociales.
Électrification rurale : une nécessité vitale
La disparité entre les zones urbaines et rurales est frappante. À Madagascar, un plan d’électrification rural est fondamental pour améliorer les conditions de vie. Les communautés rurales, souvent dépendantes de solutions temporaires comme les groupes électrogènes, sont particulièrement touchées par les délestages. L’accès à l’électricité favorise le développement d’activités économiques, d’écoles, et d’infrastructures de santé. Il est donc vital d’adopter des approches visant à passer d’une électrification basée sur des réseaux centralisés à des solutions décentralisées et durables.
- Développement de mini-réseaux solaires pour les foyers isolés.
- Programmes d’éducation sur l’utilisation des énergies renouvelables.
- Création de coopératives villageoises pour gérer l’énergie localement.
Renforcement de la mobilisation sociale
Pour que ces initiatives soient efficaces, il est nécessaire de favoriser l’engagement de la société civile. Les collectifs citoyens devront être impliqués dans la planification, le déploiement et la gestion des solutions énergétiques. Cela pourrait prendre la forme d’observatoires citoyens permettant un suivi des engagements politiques et une transparence accrue dans l’utilisation des fonds publics destinés à des projets d’énergie.
| Initiative | Objectif |
|---|---|
| Création d’un Observatoire citoyen | Suivre l’implémentation des projets d’électrification. |
| Programmes d’autonomisation féminine | Impliquer les femmes dans les projets énergétiques pour améliorer les conditions de vie. |
| Partenariats locaux | Établir des collaborations entre communes et entreprises pour une meilleure intégration des énergies renouvelables. |
En renforçant la mobilisation sociale, Madagascar peut envisager un avenir énergétique plus équitable et inclusif. Les solutions doivent non seulement répondre aux besoins immédiats en électricité mais également offrir des perspectives de développement durable pour les générations futures.
Les enjeux géopolitiques de la dépendance énergétique
La question énergétique à Madagascar n’est pas qu’une problématique locale : elle s’inscrit aussi dans un contexte géopolitique plus large. La dépendance croissante à l’énergie thermique, souvent importée, place le pays dans une position délicate vis-à-vis de ses partenaires économiques. Les fluctuations des prix du pétrole, couplées à des conditions d’importation peu favorables, accentuent cette vulnérabilité.

Vers une politique énergétique souveraine
Pour contrer cette dépendance, Madagascar doit impérativement s’engager dans une stratégie de souveraineté énergétique. Cela signifie promouvoir des ressources internes et locales, tout en développant des partenariats stratégiques pour garantir un approvisionnement sécurisé. En 2024, l’État malgache devra faire face à des créanciers d’énergie et balancer entre l’appel au privé et la conservation de ses ressources.
- Adoption de nouvelles diplomaties énergétiques.
- Pactes de coopération avec des pays à fort développement dans le secteur des énergies renouvelables.
- Formation de coalitions régionales pour partager les meilleures pratiques.
Les enjeux de la transition énergétique mondiale
Alors que le monde entier se dirige vers des politiques de transition énergétique, Madagascar doit suivre cet exemple sans compromettre sa propre autonomie. Cela nécessite une évaluation minutieuse des sources d’énergie et un renforcement des capacités techniques et institutionnelles. Les engagements pris dans le cadre d’accords internationaux doivent s’accompagner de financements adaptés, permettant l’émergence d’un secteur énergétique résilient.
| Partenaire | Contributions attendues |
|---|---|
| Gouvernements étrangers | Financement d’infrastructures renouvelables. |
| ONG | Accompagnement à la sensibilisation sur les énergies durables. |
| Agences de déploiement technologique | Transfert de technologie pour la production d’énergie. |
En intégrant des dimensions géopolitiques dans la réflexion sur l’énergie, Madagascar pourra explorer des voies pour établir un cadre énergétique plus indépendant et durable. L’enjeu est de prendre des décisions proactives qui favoriseront une autonomie dont le pays a cruellement besoin.