Les défis climatiques frappent de plein fouet les communautés vulnérables, et Madagascar n’échappe pas à cette réalité. Julda, une mère vivant à Ambilobe, témoigne de sa lutte contre les cyclones, offrant un regard intime sur les impacts dévastateurs de ces événements sur la vie quotidienne. Son histoire met en avant non seulement les souffrances rencontrées, mais également la résilience des personnes touchées. À travers ce récit, il devient clair que la vulnérabilité ne se limite pas à la géographie, mais repose également sur des facteurs sociaux, économiques et culturels. Les témoignages poignants comme celui de Julda peuvent jouer un rôle essentiel dans la sensibilisation et le changement des attitudes face aux catastrophes. Les cyclones ne sont pas seulement des événements météorologiques ; ils révèlent aussi des faiblesses systémiques au sein de la communauté.
Un tournant à l’âge de 7 ans
Julda, âgée de 36 ans, habite à Ambilobe avec sa famille. Son existence a pris un tournant dramatique à l’âge de 7 ans, lorsqu’elle a été frappée par une maladie qui l’a laissée clouée au lit. Des douleurs persistantes et une forte fièvre ont marqué le début de son combat contre un handicap physique. Cet événement a non seulement changé sa santé, mais également son mode de vie. À cause de cette maladie, elle a perdu l’usage de ses jambes, ce qui l’a contraint à se déplacer en fauteuil roulant. La lutte pour l’autonomie a alors commencé.
Avant le passage du cyclone Gamane en mars 2024, Julda fabriquait des vêtements grâce à une machine à coudre, une activité qui lui permettait de gagner sa vie et de contribuer à sa famille. Cependant, le cyclone a tout bouleversé. Les flots dévastateurs ont emporté non seulement sa machine à coudre, mais aussi une bonne partie de ses effets personnels. Ce moment de perte symbolise davantage qu’un simple désastre matériel. C’est un rappel brutal des défis quotidiens auxquels font face les personnes vivant avec un handicap dans des environnements à haut risque.

La nuit du 27 mars 2024
La nuit où le cyclone Gamane a frappé est gravée dans la mémoire de Julda. Alors qu’elle dormait paisiblement avec son fils, les eaux ont commencé à monter, créant une panique générale. La situation était d’une gravité et d’une rapidité inouïes. En raison de son handicap, chaque mouvement était un défi, et l’évacuation a été complexe. La solidarité de ses voisins a été essentielle, se battant contre le temps pour la porter jusqu’à un site sécurisé. Ce moment d’union démontre comment face à l’adversité, la communauté peut montrer une force colossale; même dans les pires circonstances, l’entraide peut faire une différence significative.
Le refuge trouvé lors de cette évacuation était temporaire, mais pas moins apaisant. Pendant une semaine, Julda et son fils ont partagé un espace avec d’autres familles, tous unis par le même traumatisme. Chaque minute dans cet abri prolongeait la peur du lendemain, sachant que la saison cyclonique était à l’horizon. Les souvenirs de cette nuit d’angoisse l’accompagnent toujours, rappelant que la vulnérabilité face aux catastrophes naturelles est une lutte quotidienne, particulièrement pour ceux dont les capacités physiques sont limitées.
Un déménagement pour rebâtir ma vie
À la suite du cyclone, Julda et sa famille ont été contraintes de déménager dans un autre fokontany d’Ambilobe. Ce changement de lieu a apporté son lot de défis, mais aussi d’opportunités. L’intégration dans une nouvelle communauté pouvait potentiellement offrir de nouvelles perspectives. Peu après leur arrivée, Julda a eu l’opportunité de rejoindre une organisation de personnes handicapées soutenue par HI, qui a joué un rôle crucial dans sa réhabilitation. Ce soutien a ravivé son espoir et a ouvert la porte à des échanges et des formations.
Julda a appris à connaître ses droits et comment les faire valoir. Ces nouvelles compétences ont été vitales pour sa confiance en elle. Au sein de cette organisation, elle a vu d’autres personnes se battre pour l’inclusion et la reconnaissance sociale, soulignant que même dans une situation de vulnérabilité, la collectivité peut être une source de pouvoir. Avec le soutien de HI, elle a reçu un nouveau fauteuil roulant, améliorant considérablement sa mobilité, ce qui a réhabilité une part significative de son indépendance.

Un engagement pour l’avenir
Julda se sent maintenant investie d’une mission. Son but est de transmettre son expérience et d’encourager d’autres à rejoindre cette organisation, afin qu’ensemble, ils peuvent revendiquer leurs droits et mieux se faire entendre. Elle comprend l’importance de l’éducation et de la sensibilisation autour des défis rencontrés par les personnes handicapées, notamment lors des catastrophes naturelles.
Les autorités locales ont un rôle clé à jouer dans cette dynamique. Julda souligne que l’information ne parvient souvent pas à temps aux communautés vulnérables, laissant les familles non préparées face à ces crises. Des systèmes d’alerte doivent être établis, accessibles et adaptés aux besoins des personnes avec un handicap, garantissant que chaque citoyen puisse réagir face à l’imminence d’un cyclone. Former les communautés à une meilleure gestion des risques est essentiel pour sauver des vies et minimiser les impacts des catastrophes.
Les défis de la résilience face aux cyclones
À Madagascar, les cyclones sont devenus un phénomène récurrent, et chaque saison apporte son lot de destructions. Les conséquences des cyclones, comme celui de Gamane, sont particulièrement sévères pour les ménages comme celui de Julda. Les infrastructures de transport et de logement sont souvent détruites, laissant les habitants dans une situation précaire. Sur le plan économique, ces catastrophes entraînent des pertes de revenus, forçant les familles à faire des choix difficiles pour leur survie. Les systèmes de secours doivent être révisés et rendus plus accessibles à ceux qui en ont le plus besoin.
Julda, par son témoignage, démontre une résilience et une détermination admirables. Les organisations doivent comprendre et prendre en compte les réalités complexes auxquelles font face les personnes handicapées pendant les crises. Cela nécessite une prise de conscience des infrastructures existantes et une volonté sincère de réformer les systèmes d’évacuation et d’assistance humanitaire pour répondre aux besoins de tous. Les solutions doivent être inclusives et centrées sur la communauté pour pouvoir véritablement aider ceux qui se trouvent dans des situations vulnérables.

Perspectives d’avenir
Les perspectives pour l’avenir de Madagascar doivent tenir compte des changements climatiques et des besoins spécifiques des communautés vulnérables. La voix de personnes comme Julda doit être amplifiée dans les discussions sur la politique de gestion des catastrophes, afin de garantir que les besoins des personnes handicapées soient intégrés. Le partenariat entre le gouvernement et les organisations locales est essentiel pour transformer cela en réalité. La mise en place de programmes de résilience communautaire peut aider les individus à faire face aux catastrophes futures et à développer des stratégies d’adaptation à long terme.
Les récits de résilience et de lutte, tels que celui de Julda, sont cruciaux pour encourager d’autres à se battre pour des solutions durables. Travailler ensemble pour créer des systèmes qui répondent aux besoins de tous permet de bâtir un avenir plus sûr pour les générations futures. Les leçons tirées des expériences de la communauté peuvent servir de modèle pour d’autres régions du monde confrontées à des défis similaires.